Voici le vingt-sixième article de la série “En quête de foi”, publié dans l’édition de mars 2015 du Messager de Saint-Antoine. L’objectif de cette série est d’explorer les éléments de la tradition chrétienne dont les traces sont toujours perceptibles dans la culture actuelle.
Depuis le début de cette chronique, j’ai surtout cherché dans les éléments de la culture québécoise des reliquats de foi, d’où le titre « En quête de foi » ! J’ai cependant expérimenté au cours des deux dernières années un nouvel horizon, celui de la communion dans la prière.
Ma petite-fille Aurélie est née avec quatre malformations cardiaques et une anomalie sur une artère pulmonaire qui provoque une accumulation de sang dans les poumons. Très tôt dans les jours qui ont suivi sa naissance, les médecins craignaient pour sa vie. Il leur fallait trouver un créneau pour l’opérer en priorité, mais la petite était souvent malade et le liquide dans les poumons rendait sa respiration difficile, d’où les reports successifs de la chirurgie. J’ai alors eu l’idée de solliciter candidement tous les « amis Facebook » qui le voulaient pour prier ou « soutenir » Aurélie de la manière qu’ils pouvaient.
En quelques minutes seulement, le nombre de « J’aime » s’élevait à plusieurs dizaines et le message avait été partagé plus de 100 fois ! Des gens se sont mis à commenter pour dire de quelle manière ils allaient soutenir Aurélie. Certains exprimaient une foi chrétienne explicite : « Je vais prier pour la petite » ; « Je vais à la messe et la déposerai sur l’autel » ; « Devant le Saint Sacrement ce soir je prierai pour elle » ; « Je demande à mes anges gardiens de la protéger ». D’autres montraient un peu plus de pudeur et demeuraient dans des catégories plus neutres : « Je lui envoie des ondes positives » ; « Mes pensées seront pour elle aujourd’hui » ; « Je la confie à l’univers ». Enfin, d’autres, explicitement athées, ont osé malgré tout un vœu d’espoir pour l’enfant.
En revenant sur ces faits, c’est autour de la question de Jésus que je voudrais réfléchir : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Luc 18, 8) Bien sûr, je n’ai pas fait passer un examen de catéchisme à mes amis Facebook. Ceux-ci n’ont pas non plus prononcé un « acte de foi » dans le sens traditionnel de la formule connue : « Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous avez révélées… » Mais est-ce bien de cette foi-là que Jésus parlait ?
Lorsqu’il se fait harceler par une étrangère qui lui réclame les miettes qu’on donne aux chiens afin que sa fille soit guérie, ne s’étonne-t-il pas devant sa foi ? (cf. Marc 24-30) Lorsqu’il accorde au centurion, un païen et ennemi de la nation, ce qu’il demande pour son serviteur, ne trouve-t-il pas « la foi sur terre » ? (« Même en Israël, je n’ai pas trouvé une aussi grande foi ! » (cf. Matthieu 8, 1-15). Bref, Jésus semble moins préoccupé de trouver une foi bien savante ou sans faille, qu’une foi qui sait s’en remettre à Dieu lorsque ça compte. Et après ma demande de prière pour Aurélie (qui l’a bien aidée), j’ai réellement foi dans le jugement actuel et futur du Fils de l’Homme !
L’humble prière devant, un enfant malade, il n’y a que ça de vrai..
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