photo: Collectif Emma Goldman Saguenay
Je suis tombé récemment sur des vidéos diffusées sur Télé-Québec mettant en scène Maïtée Labrecque-Saganash, citoyenne crie de Waswanipi (Baie James), qui met les points sur les i au sujet de l’appropriation culturelle et de la culture autochtone1.
Le concept d’appropriation culturelle commence à être mieux connu au Québec. J’avais été instruit à ce sujet par une aînée atikamekw de Mashteuiatsh qui nous offrait une journée d’initiation à certaines traditions spirituelles des Premières Nations. Elle l’avait fait avec une grande générosité en prenant la peine, gentiment, de rappeler qu’une telle sagesse appartenait aux cultures autochtones et qu’il ne suffisait pas d’avoir participé à un atelier semblable ou encore à une sudation (sweat lodge) pour se croire en mesure de la répéter soi-même dans son milieu en se prétendant chamane! Malheureusement, il suffit de parcourir certains sites un peu new age pour se rendre compte qu’il existe de tels imposteurs.
Depuis cette mise en garde, je ne suis pas certain d’avoir toujours eu le bon réflexe. Dans le collectif Coexister au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, c’est de bonne foi que nous voulons intégrer autant que possible des représentants autochtones à nos activités. Nous leur proposons, par exemple, d’offrir une prestation musicale ou poétique et même de venir se joindre à nous pour organiser ensemble un événement. Mais c’est toujours le même mouvement qui nous mène : d’eux vers nous pour être avec nous, jamais l’inverse. Nous ne manquons pas d’idées, mais notre programme correspond rarement à celui de nos interlocuteurs.
« Faire pour », « faire avec » ou « se joindre à » !
Ce n’est pas si simple de vouloir bâtir ensemble des projets. À une occasion, nous avons voulu faire vivre l’exercice des couvertures2, le responsable de ce type d’activités au Centre d’amitié autochtone nous avait sèchement répondu : « On ne vous connaît pas. On ne sait pas à quel point on peut vous faire confiance. Prenez le temps de vous faire connaître. » En fait, il nous demandait d’être patients… que l’activité viendrait en son temps. Mais nous croyions ne pas disposer de ce temps! Nous voulions aller plus vite pour faire connaître l’histoire des Premiers habitants, pour sensibiliser à un autre regard et faire reculer le racisme. Nous étions dans le « faire pour… »
Même depuis cette expérience, chaque fois que nous aimerions inviter des autochtones à une collaboration, souvent même avant la conception d’un projet (« faire avec… »), il demeure difficile de franchir cette première barrière.
J’en viens à la conclusion qu’il vaut mieux participer aux activités de sensibilisation offertes par les communautés elles-mêmes, lorsqu’elles en proposent, que de jouer aux bons Blancs qui veulent le faire à leur place, même avec la meilleure volonté du monde!
De l’humilité, mon Blanc !
On peut bien avoir le cœur à la bonne place, mais le résultat de nos intentions n’est pas toujours « le mieux ».
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