Parlant de son premier jour de travail, mon fils me dit, en toute simplicité : « Je vais prendre le transport en commun, parce que, dans le quartier où je dois aller, il y a pas mal d’itinérants et j’ai un peu peur pour mon vélo. » Ces propos me donnent l’occasion d’entamer un petit sermon sur les préjugés. « Pourquoi crois-tu que ton vélo est plus à risque dans ce quartier plutôt que près de chez nous? » Sans vraiment argumenter, il s’est défilé. Le préjugé est tenace en lui, et il choisira quand même le bus.
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Un quartier ou un groupe social bien défini, une « race » ou une origine étrangère perçue, une religion avec des signes moins familiers, toutes les situations sociales peuvent devenir prétextes à jugement et à discrimination.
Dans une autre conversation avec une personne très proche, j’ai abordé la question des communautés autochtones et du racisme systémique. Il s’agit d’une grande priante, très religieuse, cherchant en elle toutes les ressources intérieures pour répondre à ce qu’elle croit que le Seigneur attend d’elle. Elle a toujours aidé l’Église et longtemps soutenu les missions étrangères. Mais lorsque vient sur le tapis le sujet des Autochtones, ou plutôt des Amérindiens comme elle dit, elle me laisse parler. Son préjugé lui fait entendre autre chose que le message qui lui est adressé. J’ai beau faire le plus joli plaidoyer sur le sujet, que ce soit autour des femmes disparues ou assassinées, des pensionnats autochtones, des lois discriminatoires que nous avons votées, des abus perpétrés par des missionnaires aussi, cette personne finit par me dire : « Tu ne me feras pas changer d’idée. Je vais continuer de croire qu’il n’y a pas grand-chose à faire avec ces gens-là. »
J’étais renversé. […]
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